mercredi 25 juin 2008

De ma fenêtre en face/ J'caresse le plexiglas/ Concurrence déloyale/ De ton chauffage central/ Une buée dense/ Interrompt ma transe


Et voilà, mon colloc' depuis maintenant près de trois semaines est rentré au pays! Finies les soirées foot imposées, finies les explications sans fin devant 100% euro, finis les réveils en fanfare à 13 heures pour pouvoir accéder à mon salon, finis les sms inutiles pour savoir qui fait quoi, où, et avec qui, finis les karaokés depuis l'autre bout de l'appart, finis les retours en courant à la maison sous la pluie, finis les périples nocturnes au Mac Do...
Oui, j'avoue! Ce soir je me suis un peu ennuyée... et Nico et ses matchs de foot m'ont manqué!!!

J'ai eu envie d'appeler Mère pour lui parler de tout et de rien, juste pour entendre sa voix, pour lui raconter une blague stupide qui l'aurait sûrement fait mourir de rire (ce qu'il y a de bien avec Mère c'est que plus c'est bête, plus ça la fait rire^^)... mais je n'ai pas pu puisqu'elle est actuellement en déplacement à Paris pour son boulot. Ingrats ses parents, in-grats!!!

Alors pour occuper ma soirée je me suis adonnée à l'une de mes passions (inavouable :s)... l'OBSERVATION DU MONDE QUI M'ENTOURE. Oui bon, j'ai regardé mes voisins à la jumelle quoi!^^ C'est vrai j'aime bien ça ressortir mes jumelles de temps en temps. J'aime bien aussi tout le rituel qui l'accompagne : plonger l'appartement dans le noir le plus complet, ouvrir toutes les fenêtres, mettre la chaîne stéréo en mode "mute", habituer tout doucement mes yeux à la pénombre, choisir minutieusement les fenêtres qui vont être observées, essayer de deviner ce qu'il se passe derrière celles ci, et dégainer mes jumelles pour vérifier.
Accoudée à la fenêtre de la cuisine, je suis restée à les observer (épier?) comme ça un moment. Le monsieur du 4ème étage savait-il seulement qu'il regardait la même chaîne que son voisin du dessous? Sur les conseils de qui la dame du dernier a t-elle acheté un nouveau canapé rouge? Pourquoi le jeune du 1er n'a toujours pas défait ses cartons alors qu'il vit là depuis le mois de septembre? Compte t-il partir habiter ailleurs à la rentrée? Que fait-il comme études? Je le croise quelquefois le matin lorsqu'il part prendre le métro. Je lui souris à chaque fois comme pour lui dire que je le connais un peu à force de m'immiscer dans sa vie. Il est poli, il répond à mes sourires mais je suis sûre qu'il pense que je le confonds avec quelqu'un d'autre.

En réalité c'est ça qui me plaît, essayer d'imaginer ce que sont les vies de tous ces gens. Quelquefois je me surprends même à penser qu'un jour je finirai par être témoin d'un meurtre (comme dans un roman policier)... tout en ne voulant pas que ça arrive parce que j'aurais trop honte d'avouer à la police que les soirs où il n'y a rien à la télé je regarde vivre mes voisins.
Je vous rassure de suite, je ne fais pas ça uniquement le soir de chez moi. Non, non, non, j'aime à observer les gens aussi lorsque je suis en terrasse de café, dans le métro, à la plage... Mais là je le fais plus discrètement (comprendre sans jumelles^^), mais toujours dans le même but : chercher à en savoir un peu plus sur ces gens que je ne connais pas, que je n'aperçois que dix secondes dans ma vie et que je ne reverrai jamais.
Je me souviens d'une après-midi à la plage où je déambulais au bord de l'eau, perdue dans mes pensées. Devant moi un garçon, ou plutôt son dos. Un dos parfait, d'une beauté sans nom. Quels sports avait-il pu pratiquer pour avoir un dos pareil? Quel âge pouvait-il avoir? Je crois qu'on peut apprendre beaucoup de choses en observant le dos d'un homme. Un endroit corporel auquel on ne prête souvent guère attention et pourtant très porteur de sens. Ma méticulosité fût telle ce jour là que je pourrais énumérer le nombre exact de grains de beauté présents sur cette étendue dorsale qui se tordait pour ramasser un petit caillou dans le sable de sorte que les muscles saillaient et laissaient apparaître une force troublante. Et sa nuque. Élancée, gracieuse, dont on devinait la douce texture.
Le dos d'un homme est saisissant de sens. Une multitude d'informations réside dans celui-ci. Un muscle qui se contracte traduit une sensation soudaine ressentie par son propriétaire. Un grain de beauté égratigné symbolise l'impatience de la personne. Les traces de griffures expriment les éventuels combats corporels ou le terrain de jeu d'un félin espiègle (ou d'une maîtresse sauvage^^). C'est fou comme une surface partant de larges épaules pour arriver à la convexité des reins, peut engendrer chez moi une telle fascination. Je m'imaginais le parcourir du bout de mon index : la nuque comme point de départ, le bassin comme ligne d'arrivée. Une course-poursuite excitante dont mes chimères étaient les seules participantes. Je pourrais disserter des heures entières sur cette voûte dorsale... Je l'ai observé jusqu'à ce qu'il regagne sa serviette. Il s'est assis, a sorti un journal et s'est plongé dans sa lecture. Après l'avoir bien observé, j'en ai déduit qu'en raison du petit nombre d'affaires qu'il avait amené à la plage il devait certainement être au camping derrière. Sans doute avec ses parents puisqu'il n'avait l'air de connaître aucune des personnes de son âge présentes sur cette plage. Il était très ordonné, toutes ses affaires étaient pliées convenablement à coté de ses tongs... Qui était-il? Etait-il en vacances? Pourquoi ici? Pourquoi seul? Sa petite amie l'avait elle laissé tomber, ou était-elle tout simplement, elle aussi, partie en vacances avec sa famille? Souffrait-il? Que faisait-il de sa vie quand il n'était pas ici?
Tout un tas de questions naissaient dans mon esprit... Je ne connaissais pas son nom, je ne connaissais pas son âge, je ne connaissais pas sa vie, je savais simplement que c'était un garçon sportif qui aimait lire le journal sur la plage, et qu'il était très méticuleux. C'était déjà ça...

Bien sûr, il est des gens dont je connais des pans de vie entiers à force d'observation (mes terrains de chasse préférés étant les plages de Balagne :D... une diversité exemplaire de spécimens!!!) mais vu l'heure avancée, je vous épargnerai les détails de vie de Suzanne, de la famille Salducci (Stéphanie en tête), du niouk de l'Anse de Vignola, du fils des Platanes, du gros Perpignanais et de ses odieux petit-fils, de la femme à la coupe au bol et au maillot moisi, du gars qui souligne les mots dans son livre, du vieux au micro maillot, de la famille Pélissier, de François et ses conneries sans nom, du commandant Legal (le goût! pour la blague^^), de Gilles et toutes ses femmes qui lui ont donné une ribambelle de gamins, de Pierino et son oncle Manitoba, des Suédois, de Nicolo, de Lorenzo et Raphaël, de Colomba et son échoppe, de Dari, des survols en avion de Vittori...

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